Mais où est donc passée la France ?

daté du 5 octobre 2011

Mais où est donc passée la France ?

Les programmes de géographie l'ont éludée

Mis en oeuvre à partir de cette rentrée scolaire, les nouveaux programmes de géographie de la classe de 1re ont été publiés dans l'indifférence générale, alors même qu'il s'agit d'un enjeu d'importance majeure pour la formation des jeunes Français et l'idée que nous pouvons nous faire de la France, de la République, de son territoire et de la société qui l'habite. On sait pourtant, ou on devrait le savoir, que l'enseignement de l'histoire et la géographie de la France a joué et joue encore un rôle important dans la manière dont se forge notre identité nationale. Une identité ouverte, évolutive mais qui ne doit pas pour autant dépendre de l'air du temps interprété par un quarteron d'inspecteurs généraux de l'éducation nationale peu ou mal encadrés par ceux dont la responsabilité est de veiller à l'adéquation entre le contenu des programmes scolaires et l'idée qu'une collectivité souhaite se faire d'elle-même. La " géographie de la France " n'est plus depuis longtemps celle d'un espace dont le mont Blanc est le point culminant et où la Loire prend sa source au mont Gerbier des Joncs, mais l'analyse raisonnée d'un territoire national produit, entretenu et renouvelé par une société qui elle-même s'est densifiée et transformée. Autrement dit, la géographie de la France ne peut prétendre être uniquement un savoir positif et objectif ; elle est aussi pour partie - mais une partie politiquement déterminante - une idée que nous souhaitons collectivement proposer à nous-mêmes et aux jeunes que nous avons la charge de former.

Or, à lire les nouveaux programmes de géographie de 1re, on reste pantois devant l'élision du niveau national : l'entité " France ", celle de la République française, a purement et simplement disparu au profit de deux autres niveaux : le niveau européen, d'un côté, et celui des territoires qui composent la France, de l'autre, la part belle étant faite aux " territoires de proximité ". Il est permis de penser que la France ne se résume pas uniquement à l'addition ou à la juxtaposition des territoires qui la composent et que si, effectivement, on peut observer un recul du niveau national - l'Etat lui-même ayant transféré plusieurs de ses compétences ou prérogatives à des niveaux inférieurs ou à celui de l'Union européenne -, ce niveau existe toujours et constitue une partie importante du ciment qui lie une société. Le constat mérite d'être fait sans qu'on passe automatiquement pour un souverainiste.

A tout le moins, cet effacement aurait mérité un véritable débat politique et démocratique, car assurément, la question de l'identité nationale appelait une réflexion collective et non un médiocre travail d'experts sans vision générale et enfermés dans des enjeux disciplinaires de nature secondaire. Quant à la consultation des enseignants qui a suivi, faite dans des délais anormalement limités, elle n'a été qu'un simulacre, ce qui en dit long sur l'idée que ceux qui nous gouvernent se font des professeurs : des intermédiaires, sortes d'opérateurs-relais, chargés de faire passer une vision très discutable de la géographie comme de l'histoire, et non des intellectuels pouvant avoir l'ambition de penser leur discipline, au contact qu'ils sont de la réalité sociale que constituent les élèves d'aujourd'hui et leurs familles. Au-delà de la question de l'infaisabilité du nouveau programme d'histoire, cette indifférence de la hiérarchie au considérable potentiel que constitue le corps des professeurs d'histoire-géographie est probablement pour beaucoup dans le malaise qui alimente une fronde montante contre une réforme certes ambitieuse, mais mal pensée, sans appréciation des enjeux réels, et conduite avec une précipitation excessive.

On peut défendre l'idée qu'il est nullement incompatible de se sentir européen, de vivre dans des régions bien vivantes, de s'intéresser à son ou ses territoires de proximité et de penser que le niveau national signifie encore quelque chose, ne serait-ce qu'une certaine manière de vivre ensemble, qui ne ressemble pas tout à fait à celle des Allemands, des Britanniques, des Espagnols ou des Luxembourgeois. Et que ce vivre-ensemble ne peut se résumer au seul portage de la dette publique accumulée par un Etat de plus en plus empêtré dans ses contradictions et impuissant au point de payer des fonctionnaires littéralement irresponsables pour rédiger en toute bonne conscience l'acte de décès par omission de l'entité nationale.

Bref, ce nouveau programme de géographie de la classe de 1re est très représentatif d'une certaine désorientation collective et exemplaire de tout ce qu'il ne faut pas faire : une carence préoccupante d'interrogation sur l'objectif fondamental de formation des citoyens ; une absence inquiétante de mise en débat d'une question aussi importante ; une prise de pouvoir de la discipline au détriment de l'intérêt de la formation des jeunes : s'il est normal que les programmes scolaires s'appuient sur les avancées de la science, ils ne doivent pas pour autant devenir des béquilles pour les disciplines en mal d'affirmation.

Si l'école n'enseigne pas l'idée républicaine en lien avec un territoire, une société et son histoire, qui le fera ? La France est-elle devenue un niveau si obsolète que l'éducation nationale en arrive à le passer par pertes et profits ? On ne peut que souhaiter que les politiques se saisissent, même tardivement, d'un enjeu au moins aussi important que la plupart des questions qui agitent la scène politique française depuis plusieurs mois. Mais il s'agit, il est vrai, d'un enjeu de long terme et l'on sait que la France contemporaine éprouve une difficulté croissante à se penser positivement dans la longue durée.

En cédant, en histoire à la tyrannie contemporaine de la mémoire et en géographie à la démagogie territoriale de la quotidienneté et de la proximité qui conduit à consacrer chaque individu comme centre du monde, les nouveaux programmes de la classe de 1re illustrent cruellement l'impuissance de nos " experts " à penser cette version française de la démocratie que l'on appelle République.

Rémy Knafou

Professeur émérite de géographie à l'université Paris-I-Panthéon-Sorbonne

Auteur de

" Tourismes 3. La révolution durable "

(Belin, 280 p., 28 ¤)

et de nombreux manuels scolaires de géographie


 

      Bonjour PAUL et Tous,
 
     Tu as raison c'est un véritable raz- de- marée sur les programmes scolaires d' Histoire et de Géographie de notre France.
 
     Bonne soirée,
 
     Amitié,
 
     PIERRE


 
Je vais peut-être mettre un pavé dans la mare mais il y a bien longtemps que les choses ont commencé ! Avant de s'attaquer aux sciences (Sciences de la Vie et de la Terre, ça fait mieux) et à l'histoire-géo (L'espace et le temps, ça fait mieux !) c'est l'enseignement de la littérature qui a subi les premiers assauts. En 1989 quand Monsieur Jospin a créé les IUFM, nous avons vu débarquer à l'Ecole Normale moribonde, la horde des pédagogistes gaucho-démago-humanistes à la sauce Meirieu qui tenaient des discours du type : c'est scandaleux d'imposer l'étude des textes des Lagarde et Michard qui permettaient d'aborder toute la littérature française. Beaucoup d'élèves ne peuvent pas être motivés pour ces œuvres, donc on va leur faire écrire des textes ou on va étudier des textes de rappeurs ! ... ou les journaux, ou .... les programmes sont ringards, il faut s'adapter aux intérêts des élèves. Les inspecteurs généraux font la loi (et plus de politique que de pédagogie), liés aux éditeurs et aux libraires. On change les programmes, on change les bouquins dans la foulée et les Conseils généraux ou régionaux financent tout ça !
bises
Régine



les petits copains de Cohn Bendit comme Sauvageot font leur travail de sape de l'intérieur comme tout bon trotskyste et autre     ......iste issus de Marx; l'école est le meilleur lieu où l'on forme et recrute ces espèces nuisibles tout en détruisant les valeurs qui ont fait la France.
Paul




Salut à Vous,
 
La France va à vau-l'eau, jean marie amicalement... 

 


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24 juin 2012

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